PAGE 153

CHAPITRE 4
LA RENAISSANCE ET LA LOI DE CAUSE À EFFET

Pour résoudre l'énigme de la Vie et de la Mort, nous ne trouvons que trois théories qui vaillent qu'on s'y arrête.

Dans le chapitre précédent, nous avons, dans une certaine mesure, exposé l'une de ces théories - celle de la Renaissance, avec sa loi jumelle, la loi des Conséquences (ou de cause à effet). Il n'est pas inutile de comparer la théorie de la Renaissance avec les deux autres théories proposées, à seule fin de nous assurer de leur fondement relatif dans la nature. Pour l'occultiste, il ne peut y avoir de doute. Il n'a pas besoin de dire qu'il "croit" à cette théorie pas plus que nous n'avons besoin de dire que nous "croyons" à l'épanouissement de la rose, au cours de la rivière, ou à n'importe quel phénomène du monde matériel. Nous ne disons pas de ces choses que nous les "croyons", nous disons que nous les "savons", parce que nous les voyons. De même l'occultiste, en ce qui concerne la loi de la Renaissance et celle des Conséquences, peut dire qu'il "sait". Il voit l'Ego et peut observer son activité depuis qu'il a quitté le corps dense, au moment de la mort, jusqu'à ce qu'il reparaisse sur la terre, au moment d'une nouvelle naissance; il n'est donc pas nécessaire pour lui de "croire". Pour la satisfaction des autres, il peut cependant être bon d'examiner ces trois théories sur la vie et sur la mort.

Toute grande loi de la nature doit être nécessairement en harmonie avec toutes les autres lois; il semble donc utile, pour les intéressés, d'examiner ces théories dans leur relation avec ce qui se passe généralement pour être "les lois connues de la nature", telles qu'on les observe dans la partie de l'univers qui nous est familière.

PAGE 154

Les trois théories en présence sont les suivantes:

1° La théorie matérialiste soutient que la vie est un voyage du berceau à la tombe; que l'intellect est le résultat de certaines dispositions de la matière; que l'homme est la plus haute intelligence de l'Univers et que cette intelligence disparaît quand le corps se désintègre après la mort.

2° La théorie théologique affirme que, pour chaque être humain, une âme nouvellement créée entre dans la vie, fraîchement sortie de la main de Dieu, et, à la naissance, passe d'un état invisible à une existence visible; qu'à la fin d'une courte période de vie dans le monde matériel, elle passe, à la mort, dans l'au-delà invisible, d'où elle ne revient plus; que son bonheur ou sa souffrance dans l'au-delà sont déterminés pour toute l'éternité par ses actions pendant l'infinitésimale période de temps qui s'écoule entre la naissance et la mort.

3° La théorie de la Renaissance enseigne que toute âme est une partie intégrante de Dieu; qu'elle contient en germe tous les pouvoirs divins, comme la semence contient en germe la plante; qu'au moyen de nombreuses existences dans un corps dense de qualité graduellement croissante, ses pouvoirs latents sont lentement développés en pouvoirs dynamiques; qu'aucune âme n'est perdue dans cette évolution et que l'humanité atteindra finalement le but de perfection et de réunion avec Dieu.

La première de ces théories est une théorie moniste. Elle cherche à montrer que tous les phénomènes de l'existence sont des fonctions du monde matériel. Les deux autres théories sont dualistes, c'est-à-dire qu'elles attribuent certains faits et certaines phases de l'existence à un état invisible, hyperphysique, mais elle diffèrent sur beaucoup d'autres points.

Si nous étudions la relation entre la théorie matérialiste et les lois connues de l'univers, nous trouvons que la doctrine de la conservation de l'énergie est aussi bien établie que celle de la conservation de la matière et qu'elles n'ont pas besoin d'être élucidées. Nous savons aussi que l'énergie et la matière sont inséparables dans le monde physique. Ceci est en contradiction avec la théorie matérialiste qui soutient que l'intellect

PAGE 155

disparaît au moment de la mort. Si rien ne peut être détruit, l'intellect ne doit pas faire exception. En outre nous savons que l'intellect est supérieur à la matière, car il modèle les traits du visage de telle sorte que celui-ci devient le miroir de l'intellect. Nous avons découvert que les molécules de notre corps sont sans cesse renouvelées de telle sorte qu'au moins une fois tous les sept ans, chaque atome de la matière qui le compose est changé. Si la théorie matérialiste était correcte, la conscience devrait de même subir un changement complet; la mémoire du passé s'effacerait complètement, de sorte que l'homme ne pourrait se rappeler un événement datant de plus de sept ans. Nous savons que tel n'est pas le cas. Nous nous rappelons les évènements de notre enfance. Beaucoup parmi les incidents les plus insignifiants, bien qu'oubliés, ont été remémorés, dans une vision rapide de la vie entière, par des noyés qui ont conté leurs impressions après avoir été rappelés à la vie. On observe couramment des faits analogues dans l'état de transe. La théorie matérialiste est incapable d'expliquer ces phénomènes de sub-conscience et de super-conscience. Elle les ignore. Dans l'état actuel des recherches scientifiques, alors que les savants les plus distingués ont établi d'une manière irréfutable l'existence de ces phénomènes, prendre le parti de les ignorer est un défaut sérieux pour une théorie qui prétend résoudre le plus grand problème de l'existence: celui de la Vie elle-même. Nous pouvons, par conséquent, la rejeter.

Une des plus sérieuses objections qu'on puisse faire à la doctrine théologique orthodoxe, telle qu'elle est exposée, est son insuffisance reconnue. Parmi les myriades d'âmes qui ont été créées et qui ont habité ce Globe, depuis le commencement du monde, même si ce commencement ne remonte pas à plus de six mille ans, "144.000" âmes seulement seraient sauvées (Apocalypse 7:4) et les autres vouées à une torture éternelle! Satan aurait donc sans cesse le dessus! On ne peut s'empêcher de dire, avec Bouddha: "Si Dieu

PAGE 156

permet une telle calamité, Il ne peut être bon, et s'Il ne peut l'empêcher, Il ne saurait être Dieu.

On ne trouve dans la nature rien qui révèle une semblable méthode de création, faite en vue d'une destruction ultérieure. On nous dit que Dieu désire que TOUS soient sauvés et qu'il est opposé à toute destruction, car pour nous sauver, il a donné "Son Fils unique". Malgré cela, cependant, ce glorieux plan de salut échouerait!

Si un transatlantique ayant à bord deux mille âmes envoyait un S.O.S. annonçant qu'il est en train de couler à quelques miles du port, serait-ce "un glorieux plan de salut" que d'envoyer un simple canot à moteur, capable de porter seulement deux ou trois personnes? Evidemment non! Ce serait plutôt un plan de destruction si les moyens suffisants n'étaient pas fournis pour le salut de la majorité des personnes en danger.

Mais le plan de salut des théologiens est encore bien inférieur à celui-là, parce que la proportion de deux ou trois sur deux mille est beaucoup plus grande que ne comporte le plan théorique orthodoxe qui, sur les myriades d'âmes créées, n'en sauve que 144'000. Nous pouvons aussi rejeter sans crainte cette théorie comme étant fausse, parce que déraisonnable. Si Dieu était la sagesse même, Il aurait trouvé un plan plus efficace. C'est ce qu'Il a fait, ainsi que le prouvent les enseignements de la Bible, comme nous le verrons plus tard.

Considérons maintenant la doctrine de la Renaissance qui expose un long procédé de développement, continué avec une persistance inébranlable à travers de nombreuses renaissances dans des formes de plus en plus perfectionnées et qui, dans l'avenir, amènera tous les êtres à une élévation spirituelle que nous ne pouvons maintenant concevoir. Il n'y a rien de déraisonnable ou de difficile dans l'acceptation d'une telle théorie. Quand nous jetons les yeux autour de nous, nous trouvons partout dans la nature cet effort lent et persistant vers la perfection. Nous ne trouvons pas de procédé soudain de création ou de destruction, tel que le professe le théologien, mais nous trouvons "l'Evolution".

L'Evolution est "l'histoire du progrès de l'Esprit dans le Temps". Partout, en observant autour de nous les phénomènes variés de l'univers, nous voyons que le chemin de l'évolution est une spirale. Chaque spire est

PAGE 157

un cycle. Chaque cycle amorce celui qui suit, de même que les spires de la spirale sont continues; chaque cycle est la floraison de ceux qui l'ont précédé et il prépare les conditions plus développées qui lui succéderont.

Une ligne droite n'est autre chose que l'extension d'un point. Elle n'occupe qu'une dimension de l'espace. La théorie du matérialiste et celle du théologien seraient analogues à cette ligne. Le matérialiste fait commencer la ligne de la vie à la naissance et, pour être logique, l'heure de la mort doit la terminer. Le théologien fait commencer sa ligne avec la création de l'âme, juste avant la naissance. Après la mort physique, l'âme continue à vivre et son destin est irréparablement déterminé par les actions accomplies pendant un petit nombre d'années. Elle ne peut revenir pour corriger ses erreurs. La ligne continue toute droite; elle comporte une petite somme d'expériences mais pas de progrès pour l'âme après la mort.

Le progrès naturel ne suit pas une ligne droite comme l'impliquent ces deux théories; il ne suit même pas un chemin circulaire, car cela équivaudrait à un éternel recommencement des mêmes expériences n'utilisant que deux dimensions de l'espace. Toutes choses se meuvent en cycles progressifs et, pour profiter complètement des possibilités de développement offertes par notre univers à trois dimensions, il est nécessaires que la vie en évolution suive le sentier à trois dimensions - la spirale - qui toujours s'avance et s'élève.

Soit que nous considérions les modestes plantes de notre jardin ou les séquoias géants de Californie, dont le tronc mesure douze mètres de diamètre, le procédé est toujours le même; nous trouverons que chaque branche, chaque rameau ou chaque feuille croît en une simple ou une double spirale ou bien en paires opposées, chacune contre-balançant l'autre, de même que se font équilibre le flux et le reflux, le jour et la nuit, la vie et la mort et d'autres phénomènes alternés de la nature.

Examinez la voûte du ciel et observez les nébuleuses de feu ou la course des systèmes solaires - partout la spirale s'offre à nos yeux. Au printemps, la terre sort de son sommeil hivernal. Toutes les activités s'efforcent d'engendrer partout une nouvelle vie. Le temps passe. Le blé et le raisin mûrissent et sont

PAGE 158

récoltés. De nouveau l'activité estivale décroît et se termine dans le silence et le repos de l'hiver. De nouveau, un manteau neigeux enveloppe la terre. Mais son sommeil n'est pas éternel; elle se réveillera encore au chant du printemps prochain qui marquera pour elle un léger progrès en avant sur la route du temps.

Il en est de même pour le Soleil. Il se lève au matin de chaque jour, mais, chaque matin, il est plus avancé dans sa course annuelle.

C'est partout la spirale: en avant, plus haut, pour toujours!

Est-il possible qu'une loi d'une application aussi universelle dans tous les autres royaumes de la nature soit sans effet sur la vie de l'homme? La terre s'éveillera-t-elle chaque année de son sommeil hivernal, l'arbre et la fleur vivront-ils à nouveau, tandis que l'homme mourra? Cela ne peut être! La même loi qui éveille la vie dans la plante pour une croissance nouvelle éveillera l'homme pour de nouvelles expériences, pour un progrès ultérieur vers la perfection. C'est pourquoi, la théorie de la Renaissance est en parfait accord avec l'évolution et les phénomènes de la nature, ce qui n'est pas le cas pour les deux autres théories.

Considérant la vie au point de vue éthique, nous trouvons que la loi de la Renaissance et la loi des Conséquences, qui en est inséparable, forment la seule théorie qui satisfasse notre sens de justice, d'accord avec les faits de l'existence tels que nous les observons autour de nous.

Il est malaisé pour un esprit logique de comprendre comment un Dieu "juste et bon" peut exiger les mêmes vertus des milliards d'êtres qu'il "Lui a plu de placer dans des circonstances différentes", sans aucune règle ou aucun système apparent, mais bon gré mal gré, suivant son propre caprice. Un homme passe ses jours dans l'abondance; l'autre vit "dans la misère". L'un a l'avantage d'une éducation morale et d'une ambiance raffinée; l'autre est placé dans un milieu abject: on lui apprend à mentir et à voler et on le persuade que plus il ment et plus il vole, plus grand est son mérite. Est-il juste d'avoir les mêmes exigences pour ces deux genres d'individus? de récompenser l'un qui fut honnête, alors qu'il a été placé dans un milieu qui rendait sa

PAGE 159

chute extrêmement difficile, et de punir l'autre qui est placé dans une position si désavantageuse qu'il n'a jamais eu la moindre idée de ce qui constitue la vrai morale? Assurément non! N'est-il pas plus logique de penser que nous avons mal interprété la Bible que d'imputer à Dieu un plan aussi monstrueux?

Il ne sert à rien de dire que nous ne devons pas chercher à sonder les mystères de la Divinité, qu'ils sont incompréhensibles. Les inégalités de la vie peuvent être expliquées, d'une manière satisfaisante, par les lois jumelles de la Renaissance et des Conséquences et mises en harmonie avec la conception d'un Dieu juste et aimant, comme l'a enseigné le Christ Lui-même.

De plus ces deux lois nous offrent le moyen de nous émanciper, de nous tirer de notre milieu peu désirable et aussi celui d'atteindre n'importe quel degré de développement, en dépit de nos imperfections présentes.

Ce que nous sommes, ce que nous avons, toutes nos qualités sont le résultat de nos propres actions dans le passé. Ce qui nous manque en qualités physiques mentales ou morales, nous pouvons un jour l'acquérir.

De même que nous ne pouvons éviter de reprendre notre vie chaque matin, là où nous l'avons laissée le jour précédent, de même, par notre travail, pendant nos vies passées, nous avons établi les conditions dans lesquelles nous vivons et travaillons maintenant et nous sommes en train de créer les conditions de nos vies futures. Au lieu de nous plaindre de l'absence de telle ou telle faculté que nous convoitons, nous devons nous mettre au travail pour l'acquérir.

Si un enfant joue merveilleusement d'un instrument de musique, sans avoir fait aucun effort notable pour l'apprendre, alors qu'un autre, en dépit d'efforts persistants, est comparativement un pauvre instrumentiste, cela montre seulement que l'un a dépensé l'effort voulu dans une vie précédente et qu'il rentre facilement en possession de son ancienne habileté, tandis que les efforts de l'autre ont commencé seulement dans la présente incarnation et, en conséquence, nous pouvons noter la difficulté de son travail. Mais si ce dernier persiste, il pourra, même dans la vie présente devenir supérieur au premier, à moins que celui-ci ne continue à faire des progrès.

PAGE 160

Le fait que nous ne nous rappelons pas l'effort que nous fîmes pour acquérir une certaine faculté par un travail laborieux ne tire pas à conséquence: il n'en est pas moins vrai que la faculté nous reste.

Le génie est la marque distinctive d'une âme supérieure qui, par un travail laborieux dans un grand nombre de vies passées, s'est développée dans une certaine direction, dépassant le niveau normal de la race. Il révèle en partie le degré de développement qui sera l'apanage de la Race future. L'hérédité, qui n'affecte que partiellement le corps dense et en aucune façon les qualités de l'âme, ne peut l'expliquer. Si le génie pouvait être expliqué par l'hérédité, comment se fait-il que nous ne trouvions pas une longue lignée de mécaniciens antérieurs à Thomas Edison, chacun d'eux plus habile que son prédécesseur? Pourquoi le génie ne se transmet-il pas? Pourquoi Siegfried, le fils, n'est-il pas plus grand que Richard Wagner, le père?

Dans certains cas un génie a besoin pour s'exprimer de posséder des organes d'une construction spéciale qui demandent des âges pour leur développement. L'Ego renaît alors naturellement dans une famille dont les membres ont, depuis des générations, travaillé à construire un organisme analogue. C'est pourquoi vingt-neuf musiciens plus ou moins célèbres naquirent dans la famille Bach, au cours de deux siècles et demi. Nous voyons que le génie est une manifestation de l'âme et non du corps, par le fait qu'il ne s'est pas graduellement développé, atteignant son épanouissement dans la personne de Jean-Sébastien Bach, mais que le degré d'avancement qui trouva en lui sa plus haute expression l'emportait de beaucoup sur celui de ses ancêtres et de ses descendants.

Le corps n'est qu'un instrument dont le travail dépend de l'Ego qui le guide, de même que la qualité de la mélodie dépend de l'habileté du musicien, secondée par le timbre de l'instrument. Un bon musicien ne peut donner la mesure de sa personnalité au moyen d'un pauvre instrument et, même sur un instrument donné, tous les musiciens ne jouent pas et ne peuvent pas jouer de la même manière. Qu'un Ego renaît comme fils d'un grand musicien, il ne s'ensuit pas nécessairement qu'il doit être un génie encore plus grand que son père, comme ce serait le cas si l'hérédité physique était un fait et si le génie n'était pas une qualité de l'âme.

La "Loi d'Attraction" explique d'une manière tout à fait satisfaisante des faits que nous assignons à l'hérédité. Si nous savons qu'un de nos amis se trouve dans une certaine ville et si nous ignorons son adresse, nous serons naturellement guidés par la loi d'association dans nos efforts pour le trouver. Si c'est un musicien, il est probable qu'on le rencontrera là où des musiciens ont coutume de se rassembler; si c'est un étudiant, on le cherchera dans les bibliothèques, les salles de lecture, les librairies; ou bien, si c'est un joueur, sur les champs de courses, dans les salles de jeu ou les bars. Il est peu probable que le musicien ou l'étudiant

PAGE 161

fréquentent ces endroits-là et on peut dire avec assurance que notre recherche du joueur ne serait pas couronnée de succès si nous le cherchions dans une bibliothèque ou bien à un concert classique.

De même, l'Ego est attiré d'ordinaire vers les associations pour lesquelles il a le plus d'affinité. La force d'Attraction - une des forces jumelles du Monde du Désir - l'y oblige.

On peut objecter à cela qu'il y a parfois dans la même famille des gens dont les goûts sont tout à fait opposés, ou même d'irréconciliables ennemis. Si la loi d'Association est réellement opérante, comment se fait-il qu'ils y soient attirés?

Pour expliquer des cas de ce genre, il faut se rappeler que, pendant les vies terrestres, l'Ego a établi des relations avec diverses personnes. Ces relations, agréables ou non, ont entraîné des obligations qui n'ont peut-être pas été liquidées sur-le-champ, ou des peines (morales ou physiques) accompagnées d'un sentiment très vif de haine entre la victime et son ennemi. La Loi des Conséquences exige un paiement exact de ce compte. La mort "ne liquide pas toutes les dettes", pas plus qu'un changement de résidence ne liquide une dette d'argent. Le moment viendra où les deux ennemis se rencontreront à nouveau. L'ancienne haine les a réunis dans une même famille, parce que l'intention de Dieu est que nous nous aimions les uns les autres; par conséquent, la haine doit être transformée en amour et, bien que les deux ennemis puissent être obligés de

PAGE 162

passer de nombreuses vies à se mettre ne harmonie, un moment viendra où ils auront appris la leçon et, d'ennemis, deviendront amis et échangeront leurs services. Dans des cas de ce genre, l'Intérêt que ces personnes se portaient mutuellement a mis en action la force d'Attraction et cette force les a réunies. Eussent-elles été seulement Indifférentes, elles n'auraient pas été ainsi associées.

Ainsi, les lois jumelles de Renaissance et des Conséquences résolvent d'une manière rationnelle tous les problèmes relatifs à la vie humaine, à mesure que l'homme progresse vers la nouvelle phase de son évolution - celle de Surhomme. D'après cette théorie, la marche du progrès de l'humanité l'entraîne toujours plus loin, toujours plus haut, contrairement d'ailleurs à ce que pensent ceux qui ont confondu la doctrine de Renaissance avec les enseignements absurdes de quelques tribus hindoues qui veulent que l'homme se réincarne dans des animaux ou des plantes. Ce serait là une régression. On ne peut trouver, dans la nature ou dans les livres sacrés des diverses religions, rien qui vienne à l'appui de cette doctrine de régression. Parmi les écrits religieux de l'Inde, un seul fait allusion à cette doctrine.

Dans le Kathopanishad (chap. V, verset 9), on lit: "Quelques hommes, en raison de leurs actions, retournent dans la matrice et les autres dans le "sthanu". "Sthanu" est un mot sanscrit qui signifie "sans mouvement", mais qui a aussi le sens de "pilier" et on a voulu lui donner l'interprétation que quelques hommes, en raison de leurs péchés retournent au règne végétal immobile.

Les esprits renaissent seulement pour acquérir de l'expérience, pour conquérir le monde, dompter le moi inférieur et arriver à la maîtrise de soi. Quand nous réalisons ce fait, nous comprenons qu'il vient un moment où il n'est plus nécessaire de renaître, parce que toutes les leçons ont été apprises. La doctrine du Kathopanishad indique que, au lieu de rester attaché à la roue de la naissance et de la mort, l'homme atteindra, à un certain moment, l'immobilité du "Nirvana".

Dans l'Apocalypse (3:12), nous trouvons ces mots: "Celui qui vaincra, je ferai de lui un pilier dans le temple de mon Dieu, et il n'en sortira plus"; allusion à une entière libération de l'existence concrète. Nulle autorité

PAGE 163

ne soutient la doctrine de la transmigration des âmes. Un homme qui a évolué au point de posséder une âme individuelle distincte ne peut faire volte-face dans son progrès et pénétrer dans le véhicule d'un animal ou d'une plante qui sont sous le contrôle d'un esprit-groupe. L'esprit individuel est supérieur en évolution à l'esprit-groupe et le plus petit ne peut contenir le plus grand.

Oliver Wendell Holmes, dans son beau poème "Le nautile emprisonné", a exprimé cette idée de progrès constant, dans des véhicules de plus en plus développés, suivi de libération finale.

Le nautile construit la spirale de sa coquille en sections distinctes, abandonnant sans cesse les plus petites, pour habiter la dernière construite.
Une année après l'autre vit le labeur silencieux
Qui étendit son enroulement lustré;
La nouvelle spire développée,
Il quitta la demeure de l'année passée pour la nouvelle,
Passa sans bruit à travers son arche brillante,
S'étira dans sa demeure nouvelle, délaissant l'ancienne.
Merci pour le message céleste que tu nous apportes,
Enfant de la mer aventureuse,
Jeté hors de son sein, abandonné!
De tes lèvres mortes jaillit une note plus claire
Que celle que Triton tira jamais de sa conque enroulée!
Pendant qu'elle résonne à mon oreille,
A travers les cavernes profondes de ma pensée, j'entends une voix qui chante:
Construis-toi des demeures plus vastes, ô mon âme!
A mesure que passent les saisons rapides,
Abandonne la voûte basse de ton passé!
Que chaque nouveau temple, plus noble que le dernier
T'abrite du ciel sous un dôme plus altier,
Jusqu'à ce qu'enfin tu sois libre,
Laissant ta coquille, devenue inutile, au bord de la mer agitée de la vie!

La nécessité à laquelle nous avons fait allusion, d'obtenir un organisme d'une nature particulière, rappelle à l'esprit une phase intéressante des deux lois de la Renaissance et des Conséquences. Leur opération est reliée au mouvement des corps célestes, du Soleil, des planètes et des signes du Zodiaque. Ils se meuvent tous en

PAGE 164

harmonie avec ces lois, guidés dans leurs orbites par les Intelligences spirituelles qui les habitent - les Esprits Planétaires.

En raison de la précession des équinoxes le Soleil paraît se mouvoir à reculons à travers les douze signes du Zodiaque à la vitesse d'environ un degré d'espace en 72 ans, et à travers chaque signe (de 30 degrés d'espace) en 2 100 ans à peu près, soit, autour du cercle entier en 26 000 ans environ.

Cela est dû au fait que l'axe de rotation de la Terre n'est pas fixe, mais possède un mouvement lent de balancement (analogue à celui d'une toupie qui aurait perdu son élan), de telle sorte qu'il décrit un cône circulaire dans l'espace et qu'une étoile après l'autre devient l'Etoile Polaire.

A cause de ce mouvement, le Soleil ne traverse pas l'équateur à la même place chaque année, mais plus en arrière, d'où le nom de "précession des équinoxes" donné au phénomène, parce que l'équinoxe se produit chaque année un peu plus tôt.

Tous les phénomènes terrestres, dépendant des autres corps Cosmiques et de leurs habitants, sont liés à la précession des équinoxes et à d'autres mouvements Cosmiques. Il en est de même pour les lois de la Renaissance et des Conséquences.

A mesure que le Soleil passe à travers les divers signes, dans le cours de l'année, les changements climatiques et autres affectent l'homme et son activité de diverses manières. Le passage du Soleil par précession des équinoxes à travers les douze signes du Zodiaque, c'est-à-dire l'année équinoxiale, engendre sur la terre une variété de conditions encore beaucoup plus grande. Il est nécessaire pour la croissance de l'âme qu'elle soit soumise à toutes ces conditions, conditions que nous préparons d'ailleurs pendant notre séjour dans le monde céleste. C'est pourquoi, chaque Ego naît deux fois pendant le temps que le Soleil met à traverser un signe du Zodiaque; et, comme l'âme est nécessairement bisexuelle afin d'obtenir des expériences complètes, elle renaît alternativement dans un corps masculin et dans un corps féminin, parce que les expérience d'un sexe diffèrent considérablement de celles de l'autre. De plus, les conditions

PAGE 165

extérieures ne sont pas très sensiblement modifiées en mille ans et, par suite, elles permettent à l'entité d'acquérir de l'expérience, dans le même milieu, tour à tour comme homme et comme femme.

Telles sont les conditions générales dans lesquelles opère la loi de la Renaissance, mais comme ce n'est pas une loi aveugle, elle est sujette à de fréquentes modifications qui sont déterminées par les Seigneurs de la Destinée, les Anges de Justice.

Le cas peut se présenter, par exemple, qu'un Ego ayant besoin d'organes spéciaux n'ait pas terminé son séjour dans le monde céleste, au moment où cette occasion se présente à lui de se réincarner dans une famille susceptible de lui fournir les organes voulus, et à laquelle il était rattaché par des relations antérieures. Si les Seigneurs de la Destinée voient qu'une semblable occasion ne se représentera pas de longtemps, ce qui prolongerait peut-être de quatre ou cinq siècles le séjour céleste de l'Ego, ils saisiront cette occasion et l'insuffisance de son repos céleste sera compensée ultérieurement. Ainsi, nous pouvons voir que non seulement les morts agissent sur nous, du Monde Céleste, mais que nous agissons aussi sur eux, en les attirant à nous ou en les repoussant. Une occasion favorable pour se procurer un instrument convenable peut amener un Ego à renaître. Si l'instrument n'avait pas été disponible, l'Ego aurait été retenu plus longtemps au ciel et la période supplémentaire aurait été déduite de ses vies célestes suivantes.

La loi des Conséquences travaille aussi en harmonie avec les astres, de telle sorte qu'un homme naît au moment où la position des planètes du système solaire offre les conditions nécessaires pour son expérience et pour son progrès dans l'école de la vie. C'est pourquoi, l'Astrologie est une science absolument vraie, bien qu'elle puisse être mal interprétée, parce que, comme tout être humain l'astrologue est faillible. Les astres montrent correctement dans la vie d'un homme quel moment les Seigneurs de la Destinée ont choisi pour la liquidation d'une dette et l'homme ne peut s'y soustraire. Oui, elles indiquent le jour exact, bien que nous ne soyons pas toujours capables de lire correctement leur message.

Un des faits les plus frappants connus de l'auteur, montrant à quel point nous sommes parfois incapables

PAGE 166

d'échapper au destin que marquent les étoiles, bien que le connaissant à l'avance, se passa à Los Angeles (Californie), en l'année 1906. M. L..., conférencier bien connu, avait quelques notions d'astrologie. Son propre horoscope avait été pris comme exemple, parce qu'un étudiant s'intéresse davantage à sa propre nativité. Il est, de plus, capable de vérifier l'exactitude de l'interprétation des signes qui lui est donnée. L'horoscope révéla une prédisposition aux accidents et on montra à M. L... comment les accidents et d'autres évènements du passé figuraient dans l'horoscope jusqu'à l'époque de l'événement en question. De plus, on lui dit qu'il lui arriverait un autre accident le 21 juillet suivant, ou le septième jour après, c'est-à-dire le 28, ce jour-là étant considéré comme le plus dangereux. Il fut mis en garde contre les moyens de transport de toute sorte, les blessures possibles devant se produire à la poitrine, les épaules, les bras et la partie inférieure de la tête. Il était tout à fait convaincu du danger et promit de rester chez lui ce jour-là.

L'auteur partit pour Seattle et quelques jours avant la date critique il écrivit à M. L...pour lui donner un nouvel avertissement. M. L...répondit qu'il se rappelait le conseil et qu'il agirait en conséquence.

Un ami commun nous écrivit quelque temps après que, le 28 juillet, M. L... s'étant rendu à Sierra Madre, par un tramway électrique qui était entré en collision avec un train, avait été blessé aux points du corps qu'on lui avait indiqués et que, de plus, le tendon de la jambe gauche avait été coupé.

Pourquoi M. L...qui avait entièrement foi dans la prédiction, avait-il dédaigné l'avis donné? L'explication vint trois mois plus tard, alors qu'il était suffisamment rétabli pour écrire. Il disait dans sa lettre: "J'avais pris le 28 juillet pour le 29."

L'auteur ne doute pas que c'était là un cas de destinée "mûre", impossible à éviter, et que les étoiles avaient prédit correctement.

Aussi peut-on dire des étoiles qu'elles sont "l'Horloge de la Destinée". Les douze signes du Zodiaque forment le cadran; le Soleil et les planètes, l'aiguille des heures qui indique l'année; et la Lune, l'aiguille des

PAGE 167

minutes, qui indique dans quel mois de l'année les divers faits, dans le compte de la destinée mûre assignée à chaque vie, doivent se manifester.

On ne saurait trop répéter cependant que, bien qu'il y ait des évènements auxquels il ne peut se soustraire, l'homme dispose d'une certaine liberté pour modifier des causes qui sont déjà en action. Un poète a dit à ce sujet:

Un navire fait voile vers l'Est et l'autre vers l'Ouest
Avec exactement les mêmes vents qui soufflent.
C'est la position de la voilure et non la tempête
Qui détermine la direction qu'ils suivent.
Semblables aux vents de la mer sont les voies du destin.
A mesure que nous voyageons à travers la vie,
C'est l'action de l'âme qui détermine le but
Et non le calme ou la tempête.

Le point à retenir est que nos actions présentes déterminent les conditions de notre future existence.

Les Chrétiens orthodoxes, et même les personnes qui ne professent aucune religion, objectent souvent contre la loi de la Renaissance qu'elle est enseignée dans l'Inde "aux païens ignorants" qui ont foi en elle. Cependant, si c'est une loi naturelle, nulle objection ne sera assez forte pour la rendre inefficace. Avant de parler de "païens ignorants" ou de leur envoyer des missionnaires. il ne serait pas inutile d'examiner un peu où nous en sommes. Les éducateurs se plaignent partout de la superficialité de leurs élèves. Le Pr. Wilbur L. Cross, de l'Université de Yale, mentionne, entre autres cas surprenants d'ignorance, que dans une classe de quarante élèves, aucun ne put dire qui était Judas Iscariote!

Il semble que les missionnaires pourraient être détournés à notre profit des contrées "païennes" et des districts pauvres pour apporter leurs lumières aux étudiants de notre propre pays. Appliquant le principe que "charité bien ordonnée commence par soi-même", "Dieu ne laissera pas périr les païens ignorants"; il vaudrait mieux les laisser dans l'ignorance, alors qu'ils sont sûrs d'aller au ciel, que de les éclairer et d'augmenter ainsi leurs chances d'aller en enfer. Vraiment, c'est le cas de dire: "Là où l'ignorance fait le bonheur, il est fou d'être

PAGE 168

sage." Nous rendrons un signalé service aux païens et à nous-mêmes en les laissant tranquilles et en nous occupant des Chrétiens ignorants qui sont plus près de nous.

En outre, accuser cette doctrine de paganisme, ne la réfute pas. L'antériorité supposée de son enseignement dans l'Est n'est pas plus un argument contre sa validité que l'exactitude de la solution d'un problème de mathématiques n'est mise en défaut, parce qu'il se trouve que nous n'aimons pas la personne qui l'a résolu. La seule question qu'il faille se poser est: "la solution est-elle correcte?" Si elle l'est, son origine n'a absolument aucune importance.

Toutes les autres religions n'ont été qu'un acheminement vers la religion Chrétienne. Elles étaient des Religions de Race et elles ne contiennent qu'en partie ce que le Christianisme possède dans une plus complète mesure. Le véritable Christianisme Esotérique n'a pas encore été enseigné publiquement, et il ne le sera pas avant que l'humanité soit sortie de la période de matérialisme et qu'elle soit devenue digne de le recevoir. Les Lois de la Renaissance et des Conséquences ont été enseignées secrètement de tout temps: mais sur l'Ordre direct du Christ Lui-même, ces deux lois, comme nous allons le voir, n'ont pas été enseignées publiquement dans le monde Occidental depuis deux mille ans.

LE VIN FACTEUR D'ÉVOLUTION

Pour bien comprendre le motif de cette omission et les moyens employés pour voiler ces enseignements, nous devons remonter au commencement de l'histoire de l'homme et voir comment, pour son propre bien, il a été guidé par le Grand Instructeur de l'humanité.

Dans l'enseignement de la science occulte, les phases de développement de l'humanité sur la terre sont divisées en périodes nommées "Epoques". Il y a eu quatre de ces Epoques qui sont respectivement désignées comme suit: l'Epoque Polaire, l'Epoque Hyperboréenne, l'Epoque Lémurienne et l'Epoque Atlantéenne. L'Epoque présente est appelée l'Epoque Aryenne.

Dans la première Epoque ou Epoque Polaire, les entités qui composent aujourd'hui l'humanité n'avaient

PAGE 169

qu'un corps dense, comme c'est le cas maintenant pour les minéraux: aussi l'homme était-il quasiment minéral.

Dans la deuxième Epoque ou Epoque Hyperboréenne, un corps vital fut ajouté, et l'homme en évolution possédait alors un corps constitué comme ceux des plantes. Il n'était pas une plante, mais il était dans une condition analogue à celle des plantes.

Dans la troisième Epoque, ou Epoque Lémurienne, il reçut son corps du désir et sa constitution était analogue à celle de l'animal actuel.

Dans la quatrième Epoque ou Epoque Atlantéenne, l'intellect fut développé, et alors l'Ego parut avec ses véhicules sur la scène de la vie physique, comme HOMME.

A présent, dans la cinquième Epoque ou Epoque Aryenne, l'homme développe jusqu'à un certain point le troisième aspect, ou aspect inférieur de son esprit triple, l'Ego.

Nous prions l'étudiant de bien se pénétrer de cette vérité sur laquelle nous ne saurions trop insister que, dans le procédé d'évolution, jusqu'au moment où l'homme arrive à la soi-conscience, absolument rien n'a été laissé au hasard.

Une fois qu'il a acquis la soi-conscience, l'homme jouit d'une certaine liberté dans l'exercice de sa volonté personnelle, afin qu'il puisse développer ses divines capacités spirituelles.

Les grands Instructeurs de l'humanité prennent toutes choses en considération, même la nourriture de l'homme. Elle tient une place importante dans son développement: "Dites-moi quelle est votre nourriture et je vous dirai qui vous êtes", n'est pas une simple maxime, mais une grande vérité de la nature.

L'homme de la première Epoque était éthéré. Ceci ne contredit pas l'affirmation qu'il était quasiment minéral, car tous les gaz sont des minéraux. La Terre, ne s'étant pas encore solidifiée, se trouvait dans un état visqueux. Dans la Bible, l'homme est appelé Adam et il y est dit qu'il était composé de terre.

Caïn est décrit comme étant agriculteur. Il symbolise l'homme de la Deuxième Epoque. Il avait un corps vital, comme les plantes dont il se nourrissait.

PAGE 170

Pendant la Troisième Epoque, l'homme tirait sa nourriture des animaux vivants, comme supplément à la nourriture végétale de l'époque précédente. Le lait servit à faire évoluer le corps du désir qui fit de l'humanité de ce temps une humanité animale. C'est ce que la Bible entend quand elle dit "qu'Abel était berger". Il n'est dit nulle part qu'il tuait des animaux.

Durant la Quatrième Epoque, l'homme sortit de la condition animale: il eut un intellect. La pensée détruit les cellules nerveuses; elle tue, détruit et dissout: c'est pourquoi, les Atlantéens se nourrissaient de la chair d'animaux morts. L'homme tuait pour manger, ce que la Bible exprime en disant que "Nemrod était un grand chasseur". Nemrod représente l'homme de la Quatrième Epoque.

L'homme était descendu de plus en plus profondément dans la matière. Son ancien corps éthéré avait formé le squelette intérieur et s'était solidifié. Il avait aussi perdu graduellement la perception spirituelle qu'il possédait dans les Epoques plus reculées. Il devait en être ainsi. L'homme est destiné à recouvrer cette faculté, à un degré plus élevé avec en plus la soi-conscience qu'il ne possédait pas alors. Il avait toutefois, pendant les quatre premières Epoques, une plus grande connaissance du monde spirituel. Il savait qu'il ne mourrait pas et que, lorsqu'un corps se désintégrait, c'était comme le dessèchement d'une feuille d'arbre à l'automne - un autre corps croissait à sa place. Aussi, n'appréciait-il pas à leur juste valeur les occasions et les avantages de cette vie terrestre concrète.

Mais il était nécessaire qu'il devînt tout à fait conscient de la grande importance de cette existence concrète de telle sorte qu'il lui fût possible d'apprendre d'elle toutes les leçons qu'elle comporte. Aussi longtemps qu'il fut en contact avec les mondes hyperphysiques, il savait, sans doute possible, que la vie physique n'est qu'une faible partie de l'existence réelle; il ne la prenait pas assez au sérieux. Il ne s'appliquait pas à cultiver les occasions de développement qui ne se trouvent que dans cette phase de l'existence. Il gaspillait son

PAGE 171

temps, sans développer les ressources du monde, comme le font aujourd'hui pour la même raison les peuples de l'Inde.

Le seul moyen d'éveiller chez l'homme une juste appréciation de l'existence physique était de le priver du souvenir de son existence supérieure spirituelle, pendant quelques incarnations. Ainsi, pendant cette vie terrestre, il ne connut positivement que la vie physique actuelle et fut ainsi poussé à la vivre sérieusement.

Avant la religion Chrétienne, d'autres religions enseignaient la doctrine de la Renaissance et la loi des Conséquences; mais cet enseignement étant venu entraver le progrès de l'homme, l'ignorance de ces lois vint à être regardé comme un signe de progrès. Cette vie terrestre devait prendre la première place. C'est pourquoi, la Religion Chrétienne n'enseigne pas publiquement les lois de la Renaissance et des Conséquences. Cependant, comme le Christianisme est la religion des Races les plus avancées, elle doit être aussi la religion la plus avancée; et, parce que cette doctrine est éliminée des enseignements publics, les races Anglo-Saxonnes et Teutoniques chez lesquelles cette phase a été poussée le plus loin, sont en train de conquérir le monde de la matière.

Comme à chaque Epoque une addition est faite ou un changement est apporté à la nourriture de l'homme, afin de l'harmoniser avec les conditions existantes et obtenir le résultat voulu, nous trouvons maintenant un nouvel élément ajouté à la nourriture des Epoques précédentes: le VIN. Il était devenu nécessaire, en raison de son effet engourdissant sur le principe spirituel de l'homme, parce qu'aucune religion n'aurait pu lui faire oublier sa nature spirituelle, et lui faire croire qu'il n'est qu'un "ver de terre" et que "la même force lui sert pour marcher et pour penser"; à vrai dire, l'intention n'avait jamais été qu'il aille aussi loin.

Jusqu'à cette époque, l'eau seule avait servi de boisson et avait été employée pour les cérémonies du Temple, mais après l'engloutissement de l'Atlantide - continent qui s'étendait jadis entre l'Europe et l'Amérique, où se trouve maintenant l'Océan Atlantique - ceux qui échappèrent à la destruction

PAGE 172

commencèrent à cultiver la vigne et à faire du vin, comme le raconte l'histoire biblique de Noé. Noé symbolise les survivants de l'Epoque Atlantéenne qui formèrent le noyau de la Cinquième Race: par conséquent, nos ancêtres.

Le principe actif de l'alcool est un "esprit" qui dans la Cinquième Epoque fut ajouté à la nourriture employée précédemment par l'humanité en évolution. Il agit sur l'esprit de l'homme de cette Epoque en le paralysant temporairement, afin qu'il puisse connaître, estimer et conquérir le monde physique et l'apprécier à sa juste valeur. Ainsi, l'homme oublie pour le moment sa patrie spirituelle en s'attachant à cette forme d'existence matérielle, avec la ténacité née de la conviction qu'il n'y a pas d'autre monde que celui-ci. Il en préfère tout au moins la certitude à la possibilité d'un ciel que, dans son état actuel de confusion, il ne peut comprendre.

L'eau seule avait été en usage dans les Temples, mais maintenant "Bacchus", dieu du vin, paraît et, sous son empire, les nations les plus avancées oublient la vie supérieure. Quiconque s'adonne à l'esprit trompeur du vin ou de toute autre boisson alcoolique (produit de la fermentation et de la désintégration) ne peut jamais connaître quoi que ce soit du "Moi Supérieur" - du véritable Esprit qui est la source même de la vie.

Tous ces préparatifs étaient faits en vue de l'avènement du Christ et c'est un fait extrêmement caractéristique que Son premier acte fut de changer l'eau en vin (Jean 2:2, 11).

Il enseigna secrètement la doctrine de la Renaissance à ses disciples. Il ne les instruisit pas seulement par la parole, mais il les emmena "sur la montagne", expression mystique qui veut dire "lieu d'Initiation". Au cours de l'Initiation, les disciples se rendent compte eux-mêmes que la Renaissance est un fait; car devant eux parut Elie qui, leur dit-on, est aussi Jean-Baptiste. Le Christ, en termes non équivoques, leur avait dit précédemment en parlant de Jean-Baptiste: "Cet homme est Elie qui devait venir". Il renouvelle cette affirmation au moment de la Transfiguration, en disant: "Elie est déjà venu et ils ne l'ont pas écouté, mais ils ont agit envers lui comme il leur a plu", et il est écrit plus loin "qu'ils comprirent qu'il parlait de Jean-Baptiste." (Matthieu 17:12-13). A cette occasion, et aussi au moment où la doctrine de la Renaissance fut

PAGE 173

discutée entre Lui et ses disciples, ils lui dirent que certains croyaient qu'il était Elie et d'autres l'un des prophètes réincarné. Il leur recommanda "de ne le dire à personne." (Matthieu 17:9; Luc 9:21). Cette doctrine devait être, pendant des milliers d'années, une doctrine secrète, connue seulement de quelques initiés qui s'étaient rendus dignes de recevoir cet enseignement en s'élevant jusqu'au degré de développement auquel ces vérités seront de nouveau connues de l'homme.

Le Christ enseigna encore la doctrine de la Renaissance lorsque ses disciples, au sujet de l'aveugle de naissance, lui demandèrent: "Qui a péché, cet homme ou bien ses parents, pour qu'il soit né aveugle?" (Jean 9:2).

Si le Christ n'avait pas enseigné la loi de la Renaissance et celle des Conséquences, Il aurait naturellement répondu: "Quelle absurdité! Comment cet homme aurait-il pu pécher avant d'être né?" Mais le Christ ne répond pas ainsi. La question ne le surprend pas; Il ne la trouve pas étrange le moins du monde; elle était donc tout à fait en harmonie avec ses enseignements. Il répond:"Ni cet homme, ni ses parents n'ont péché, mais il est aveugle pour que les oeuvres de Dieu soient manifestées en lui."

L'interprétation orthodoxe de ce passage est que l'homme était né aveugle pour permettre au Christ d'accomplir un miracle, afin qu'Il puisse montrer Son pouvoir. Quelle manière étrange de se glorifier, pour un Dieu, que de condamner capricieusement un homme à rester aveugle et misérable pendant de nombreuses années, afin qu'Il pût ensuite "montrer Son pouvoir". Nous considérerions un homme qui agirait ainsi comme un monstre de cruauté.

Il est beaucoup plus logique de penser qu'il peut y avoir une autre explication. Il est assurément déraisonnable d'imputer à Dieu une conduite que nous condamnerions dans les termes les plus vigoureux chez un homme.

Le Christ établit une différence entre le corps physiquement aveugle de l'homme et le Dieu qui l'habite et qui est le Moi supérieur.

Le corps dense n'a pas commis de péchés. Le Dieu intérieur a commis quelque action qui se manifeste par l'affliction particulière dont il souffre. Ce n'est pas forcer le sens d'un mot que d'appeler un homme un

PAGE 174

Dieu. Paul a dit: "Ne savez-vous pas que vous êtes des Dieux?" et il parle du corps humain comme du "temple de Dieu" (1 Corinthiens 3:16; 2 Corinthiens 6:16).

Enfin, bien qu'en général nous ne nous rappelions pas nos vies passées, certains se les rappellent, et tous ceux qui veulent mener le genre de vie qui est indispensable peuvent arriver à ce résultat. Cela demande une grande force de caractère, car le souvenir de nos vies passées entraîne avec lui la connaissance de nos dettes à payer dans l'avenir, destin peut-être menaçant, présage d'un affreux désastre. La nature nous a caché le passé et l'avenir, afin que nous ne soyons pas privés de notre paix intérieure en souffrant, par anticipation, des maux qui nous sont réservés. A mesure que nous acquérons un plus grand développement, nous apprenons à accepter tous les évènements avec égalité d'âme. Nous voyons dans toute difficulté le résultat du mal passé et sommes reconnaissants que les obligations qui en résultent annulent celui-ci, diminuant ainsi ce qui nous incombe encore et nous rapprochant du jour où nous serons libérés de la roue de la naissance et de la mort.

Quand une personne meurt pendant l'enfance, elle se rappelle parfois cette vie dans son incarnation suivante, parce que les enfants de moins de 14 ans ne font pas le tour complet du cycle de la vie qui rend nécessaire la construction d'une série complète de nouveaux véhicules. Ils passent seulement dans les Régions supérieures du Monde du Désir et là ils attendent une nouvelle incarnation qui a lieu habituellement d'un à vingt ans après la mort. Quand ils se réincarnent, ils apportent avec eux l'ancien intellect et l'ancien corps du désir et si nous notions ce que racontent les enfants nous pourrions souvent découvrir des histoires telles que la suivante.

UNE HISTOIRE REMARQUABLE

A Santa Barbara (Californie), un certain M. Roberts vint un jour trouver un clairvoyant qui était également conférencier théosophe et lui demanda son aide au sujet d'un cas bizarre. M. Roberts passait dans la rue, le jour précédent, quand une petite fille de 3 ans vint à lui en l'appelant papa. M. Roberts fut tout d'abord

PAGE 175

indigné, car il pensait que quelqu'un voulait le faire passer pour le père de l'enfant. Mais la mère de celle-ci, qui la suivait immédiatement, se trouva très déconcertée et essaya de l'entraîner. Mais l'enfant continua à s'attacher à M. Roberts, affirmant qu'il était bien son père. En raison de circonstances dont parlerons plus tard, M. Roberts ne pouvait parvenir à oublier cet incident et il alla voir le clairvoyant qui l'accompagna jusqu'à la maison des parents de l'enfant; elle-ci courut immédiatement à sa rencontre en l'appelant de nouveau papa. Le clairvoyant, que nous appellerons M. X...amena d'abord l'enfant auprès d'une fenêtre pour voir si l'iris de l'oeil se dilatait et se contractait, quand il la tournait vers la lumière, puis vers l'ombre, afin de se rendre compte s'il n'avait pas affaire à un cas d'obsession, car l'oeil est le miroir de l'âme et il n'y a pas d'entité "obsédante" qui puisse contrôler cette partie du corps. Toutefois, M. X...trouva que l'enfant était normale et il se mit à la questionner avec soin. Après un travail patient, repris à plusieurs intervalles dans le courant de l'après-midi pour ne pas fatiguer la petite fille, voici l'histoire qu'elle raconta:

Elle avait vécu avec son papa, M. Roberts, et une autre maman dans une petite maison tout à fait isolée, d'où on ne pouvait voir aucune autre maison; près de là passait un petit ruisseau au bord duquel croissaient des fleurs (et à ce moment-là elle courut au dehors et rapporta quelques "chatons de saule") et il y avait une planche en travers du ruisseau qu'on lui avait recommandé de ne pas traverser de peur qu'elle y tombât.

Un jour, son papa les avait quittées, sa mère et elle, et n'était pas revenu. Quand leurs provisions furent épuisées, sa maman se coucha sur le lit et devint très tranquille. Enfin, elle dit gentiment: "Alors je mourus aussi, mais je ne mourus pas. Je vins ici."

Après cela, M. Roberts raconta son histoire. Dix-huit ans auparavant, il habitait Londres, où son père était brasseur. Il devint amoureux d'une servante. Son père s'opposant au mariage, il s'enfuit avec elle en Australie, après l'avoir épousée. Une fois là, il se rendit dans la jungle et défricha un coin de terrain pour y établir une petite ferme, près d'un ruisseau, ainsi que la petite fille l'avait décrit. Une fille naquit. Elle avait

PAGE 176

environ 2 ans lorsqu'un matin il quitta la maison et se rendit à une clairière voisine où un homme, fusil en main, l'arrêta au nom de la loi, pour un vol commis dans une banque pendant la nuit où M.R...avait quitté l'Angleterre. La police avait suivi ses traces jusque-là, pensant qu'il était bien le criminel. M.R...implora la permission d'aller voir sa femme et son enfant mais, supposant que c'était une ruse pour le faire tomber aux mains de ses complices, le policier refusa et l'emmena jusqu'à la côte. Il fut ramené en Angleterre, jugé et reconnu innocent.

Alors seulement les autorités firent attention à ce qu'il disait de sa femme et de sa fille, qui devaient mourir de faim dans cette partie sauvage et isolée du pays.

On envoya une expédition à la ferme dans laquelle on ne retrouva que les squelettes de la femme et de l'enfant. Sur ces entrefaites, le père de M.R... était mort et, bien qu'il l'eût déshérité, ses frères partagèrent avec lui et, le coeur brisé, il vint en Amérique.

M.R...montra alors des portraits de sa femme et de lui-même et, sur la suggestion de M. X..., les mêla avec un certain nombre d'autres portraits et les montra à la petite fille; celle-ci désigna sans hésiter les photographies des deux personnes qu'elle affirma être ses parents.


Aller au chapitre 5
Table des matières
Index
Retourner à la page d'accueil
Nous envoyer un e-mail